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La repentance chez les croyants

Tous droits réservés.
Edition numérique © Yves Petrakian, Juillet 2003




« Repentez-vous et croyez à l'Evangile. » (Mat 1:15)



On suppose généralement que la repentance et la foi ne sont que la porte de la religion; qu'elles ne sont nécessaires qu'à l'entrée de la carrière chrétienne, quand on se met en route vers le royaume de Dieu. Et cette idée peut paraître confirmée par le grand Apôtre, lorsqu'il presse les chrétiens Hébreux de «tendre à la perfection,» et leur dit de «laisser les premiers principes de la doctrine de Christ,» «ne posant pas de nouveau le fondement, savoir : la repentance des oeuvres mortes et la foi en Dieu;» -- ce qui signifie tout au moins qu'ils devaient laisser comparativement de côté cette repentance et cette foi qui au commencement occupaient toutes leurs pensées, -- pour courir vers le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.»

Et, sans doute, il y a une repentance et une foi qui sont plus spécialement nécessaires au commencement : une repentance qui est la conviction d'être entièrement pécheur, condamné et sans force, et qui précède la réception de ce royaume de Dieu qui, comme l'enseigne le Seigneur, est au dedans de nous;» et une foi par laquelle nous recevons ce royaume, savoir : «la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit.»

Mais, néanmoins, il y a aussi une repentance et une foi (à, prendre les mots dans un sens un peu différent) qui sont indispensables , lorsque nous avons déjà cru à l'Évangile et même à tous les degrés de la vie chrétienne, pour que nous puissions «poursuivre la course qui nous est proposée.» Et cette repentance et cette foi nous sont tout aussi nécessaires pour persévérer et croître dans la grâce, que la première foi et la première repentance l'étaient pour entrer dans le royaume de Dieu.

Mais dans quel sens devons-nous nous repentir et croire, étant déjà justifiés? C'est une question importante et digne d'être examinée avec la plus grande attention.

I
Et, d'abord, dans quel sens devons-nous nous repentir?

Le mot repentance désigne fréquemment un changement intérieur, le changement de disposition du péché à la sainteté. Mais ici nous le prenons dans un sens tout différent, comme désignant une sorte de connaissance de nous-mêmes, par laquelle nous nous voyons pécheurs, pécheurs coupables et sans capacité par nous-mêmes pour faire le bien, quoique nous sachions bien que nous sommes enfants de Dieu.

Il est vrai qu'aux premiers moments de notre adoption, quand nous venons de trouver la rédemption par le sang de Jésus, quand L'amour de Dieu vient d'être pour la première fois répandu dans nos coeurs, et que son royaume est établi en nous, il nous est naturel de penser que nous ne sommes plus pécheurs, que non seulement tous nos péchés sont couverts, mais qu'ils sont détruits. Comme nous ne sentons alors aucun mal dans nos coeurs, nous nous imaginons volontiers qu'il n'y en a plus. Il y a eu même des gens bien intentionnés qui se le sont imaginé, non seulement alors, mais toujours depuis ce moment; s'étant persuadés que lorsqu'ils furent justifiés ils furent entièrement sanctifiés. Que dis-je? ils ont maintenu comme règle générale qu'il en est ainsi, en dépit de l'Écriture, de la raison et de l'expérience. Ils croient sincèrement et soutiennent avec ardeur que par la justification tout péché est anéanti, et que, dès ce moment, il n'y en a plus dans le coeur du croyant, mais qu'il est entièrement pur. Mais quoique nous reconnaissions volontiers que «celui qui croit est né de Dieu» et que «celui qui est né de Dieu ne commet point le péché,» nous ne pouvons pourtant accorder qu'il ne sente plus le péché au dedans : le péché ne règne plus, mais il demeure. Et la conviction de ce péché qui demeure dans le coeur est une des parties principales de cette repentance dont nous parlons maintenant.

Il est rare, en effet, qu'il s'écoule beaucoup de temps avant que celui qui croyait tout péché disparu ne sente qu'il reste toujours de l'orgueil dans son coeur. Il est convaincu d'avoir eu de lui-même, sous plusieurs rapports, une plus haute opinion qu'il ne devait, et de s'être attribué l'honneur d'une chose reçue et de s'en être glorifié comme s'il ne l'avait pas reçue; et pourtant il sait qu'il jouit de la faveur de Dieu. Il ne peut ni ne doit abandonner sa confiance; et toujours le Saint-Esprit rend témoignage avec son esprit qu'il est enfant de Dieu.

Il ne tarde pas non plus à sentir dans son coeur la propre volonté, une volonté contraire à celle de Dieu. Il faut bien que tout homme ait une volonté, aussi longtemps qu'il a une intelligence. C'est une partie essentielle de la nature humaine, comme au reste de tout être intelligent. Notre Seigneur lui-même avait une volonté humaine, car sans cela il n'aurait pas été homme. Mais sa volonté humaine était invariablement soumise à la volonté, de son Père. En tout temps, en toute occasion, et même dans l'affliction la plus profonde, il put dire : «Non ce que je veux, mais ce que tu veux.» Mais tel n'est pas toujours le cas, même pour un vrai croyant. Il sent fréquemment sa volonté s'élever plus ou moins contre celle de Dieu. Il veut, parce qu'elle plait à la nature, telle chose qui déplait à Dieu, et il repousse, au contraire, parce que c'est pénible à la nature, ce qui est la volonté de Dieu à son égard. Il est vrai que, s'il persévère dans la foi, il combat de toutes ses forces cette disposition; mais cela même suppose qu'elle existe et qu'il en a conscience.

Mais la volonté propre est, aussi bien que l'orgueil, une sorte d'idolâtrie, et ces deux dispositions sont

directement contraires à l'amour de Dieu. La même observation s'applique à l'amour du monde, que les vrais croyants sont également sujets à éprouver, et que chacun d'eux ressent plus on moins, tôt ou tard, sous une forme ou sous une autre. Lorsqu'on vient de «passer de la mort à la vie,» alors, sans doute, on ne désire que Dieu. On peut dire en sincérité:

«C'est vers ton nom et vers ton souvenir que tend le désir de mon âme;» -- «quel autre que toi ai-je au ciel? voici, je n'ai pris plaisir sur la terre qu'en toi.» Mais il n'en est pas toujours ainsi. Avec le temps le croyant retrouvera, ne serait-ce que pour quelques moments, «la convoitise de la chair,» on «la convoitise des yeux,» ou «l'orgueil de la vie.» Et pour peu qu'il néglige de veiller et de prier, il peut même sentir des désirs impurs se ranimer; il peut en être assailli avec violence jusqu'à ce qu'il ne lui reste presque aucune force. Il peut sentir les attraits des affections déréglées et éprouver même une forte inclination à aimer la créature plus que le Créateur, que ce soit un enfant, un père, un époux, une épouse, on l'ami «qu'il aime comme sa propre âme.» Il peut éprouver, sous mille formes, le désir des biens ou des plaisirs terrestres. Et dans la même proportion il oubliera Dieu, ne cherchant pas en Lui son bonheur et étant par conséquent «amateur des plaisirs plutôt que de Dieu.»

S'il ne veille pas continuellement sur lui-même, il sentira renaître la «convoitise des yeux;» la convoitise de satisfaire son imagination par quelque chose de grand, de beau ou de rare. Et de combien de manières ce désir vient assaillir notre âme ! Peut-être par de misérables riens, tels qu'un meuble, un objet de toilette, choses qui ne furent jamais destinées à satisfaire un esprit immortel. Et cependant combien ne nous est-il pas naturel, même après que nous avons «goûté les puissances du siècle à venir,» de redescendre à ces désirs insensés et grossiers de choses «qui doivent périr par l'usage!» Qu'il est difficile, même à ceux qui «savent en qui ils ont cru,» de vaincre cette convoitise des yeux, en une seule de ses branches : la curiosité; de la fouler constamment sous leurs pieds; de ne désirer aucune chose, par le seul motif qu'elle est nouvelle!

Et l'orgueil de la vie, que les enfants de Dieu trouvent difficile de le vaincre entièrement ! Saint Jean parait entendre par là à peu près ce que le monde appelle le «sentiment de l'honneur qui vient des hommes,» le désir et l'amour de la louange, et ce qui en est inséparable, une crainte proportionnée du blâme. Celle-ci tient de près à la fausse honte, par laquelle nous rougissons de ce dont nous devrions nous glorifier. Et la fausse honte marche rarement sans la crainte des hommes qui enveloppe l'âme de mille piéges. Mais où sont les croyants, même parmi ceux qui paraissent forts dans la foi, qui ne trouvent en eux quelque chose de ces mauvais penchants ? Ils ne sont donc, eux aussi, qu'imparfaitement crucifiés au monde, car la mauvaise racine demeure encore dans leur coeur.

Ne sentons-nous pas également d'autres dispositions aussi contraires à l'amour du prochain que celles-là le sont à l'amour de Dieu? La charité «ne soupçonne point le mal.» Que nous dit à cet égard notre conscience? N'y-a-t-il jamais en nous ni jalousies, ni conjectures malignes, ni soupçons déraisonnables ou sans fondement? Que celui qui est net à ces divers égards, jette la première pierre contre son prochain. Qui ne sent quelquefois d'autres dispositions ou mouvements intérieurs qu'il sait être contraires à l'amour fraternel ? Pas de malice, peut-être, ni de haine, ni d'amertume, -- mais d'envie ! surtout envers ceux qui possèdent quelque avantage réel ou supposé, que nous désirons sans pouvoir en jouir !

N'éprouvons-nous jamais aucun ressentiment, quand nous sommes lésés ou injuriés, surtout par ceux que nous aimions particulièrement et que nous nous étions le plus empressés à aider on à obliger? L'injustice ou l'ingratitude n'excitent-elles jamais en nous le moindre désir de vengeance ? le moindre désir de rendre mal pour mal, au lieu de «surmonter le mal par le bien?» Ici également ne pouvons-nous pas voir tout ce qu'il y a encore en nous de contraire à l'amour du prochain?

La cupidité, dans tous les genres et à tous les degrés, est sans doute aussi contraire à cet amour qu'à l'amour de Dieu; soit que nous désignions par là cet «amour de l'argent» qui n'est que trop souvent «la racine de tous les maux,» ou, en général, le désir d'avoir plus, de posséder des biens plus considérables. Et qu'il y a peu d'enfants de Dieu qui en soient entièrement exempts! Il est vrai qu'un grand homme, Martin Luther, avait coutume de dire qu'il «n'avait jamais eu d'avarice,» -- non seulement depuis sa conversion, mais même «depuis sa naissance.» Mais en ce cas je ne craindrais pas de dire qu'il serait le seul homme né de femme, (à part Celui qui était à la fois Dieu et homme) qui fût né sans cette passion. Je ne crois pas même qu'il y ait une seule âme régénérée, ayant vécu assez longtemps après sa conversion, qui ne l'ait sentie plus ou moins et plus d'une fois, surtout dans le second sens indiqué. Nous pouvons donc tenir pour vérité indubitable que la cupidité, et l'orgueil, et la propre volonté, et la colère, demeurent dans les coeurs même de ceux qui sont justifiés.

C'est pour en avoir fait l'expérience que tant de personnes sérieuses ont cru devoir entendre la fin du septième chapitre de l'Épître aux Romains, non de ceux qui sont «sous la loi,» qui sont convaincus de péché, ce qui est indubitablement la pensée de l'Apôtre, mais de ceux qui sont «sous la grâce,» qui sont «justifiés gratuitement par la rédemption qui est en Christ.» Et en un sens il est certain qu'elles ont raison il reste encore, même chez ceux qui sont justifiés, un esprit en quelque mesure charnel (ainsi l'apôtre dit, même aux fidèles de Corinthe : «Vous êtes charnels»), il reste un coeur enclin au relâchement spirituel et toujours prêt à abandonner le Dieu vivant; un penchant à l'orgueil, à la propre volonté, à la colère, à la vengeance, à l'amour du monde, en un mot à tout mal; une racine d'amertume qui, si elle cessait un moment d'être comprimée, bourgeonnerait aussitôt ; et même un tel abîme de corruption que nous ne pouvons le mesurer sans la vive lumière d'en haut. Et la conviction de tout le péché qui demeure ainsi dans le coeur, est la repentance qui convient à ceux qui sont justifiés.

Mais il nous faut être de plus convaincus que ce péché, qui demeure dans nos coeurs, s'attache à toutes nos paroles et à toutes nos actions. Et même il est à craindre que beaucoup de nos paroles ne soient pas seulement mêlées de péché, mais bien tout à fait mauvaises, car telle est, sans doute, toute conversation contraire à la charité, tout ce qui ne découle pas de l'amour fraternel, tout ce qui est en désaccord avec le grand précepte : «Ce que vous voulez que les autres vous fassent, faites-le leur aussi de même.» Tels sont les rapports, les insinuations, les médisances, les censures de personnes absentes; car nul ne voudrait qu'on fit sur lui des rapports par derrière lorsqu'il est absent. Mais combien sont peu nombreux, même parmi les croyants, ceux qui n'ont rien à se reprocher à cet égard ; ceux qui sont fermes à observer la bonne vieille règle «de ne dire que du bien des morts et des absents !» Et, s'ils le font, s'abstiennent-ils de même de toute vaine conversation? Tout cela est pourtant péché est «contriste le Saint-Esprit de Dieu,» et même les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole oiseuse qu'ils auront prononcée.»

Mais admettons que continuellement ils «veillent et prient,» en sorte qu'ils ne «tombent» pas dans cette «tentation;» que sans cesse ils gardent leur bouche et la porte de leurs lèvres, s'étudiant à ce que tous leurs discours soient accompagnés de grâce et assaisonnés de sel, et propres à communiquer la grâce à ceux qui les entendent; cependant, malgré toutes leurs précautions, ne se laissent-ils pas chaque jour glisser dans des conversations inutiles ? Et même, quand ils s'efforcent de parler pour Dieu, leurs discours sont-ils purs et exempts d'un mélange de péché ? Ne trouvent-ils rien à reprendre dans leurs intentions? Parlant pour plaire à Dieu, ne le font-ils pas en partie pour se plaire à eux-mêmes ? Parlent-ils uniquement pour obéir à Dieu, et non pour faire aussi leur propre volonté ? Ou s'ils commencent avec un «oeil simple,» poursuivent-ils en regardant à Jésus, et s'entretenant avec Lui pendant tout le temps qu'ils s'entretiennent avec leur prochain ? Lorsqu'ils reprennent le péché, ne sentent-ils ni colère ni malveillance envers le pécheur ? Quand ils instruisent les ignorants, n'éprouvent-ils ni orgueil, ni préférence pour eux-mêmes ? Lorsqu'ils consolent les affligés ou qu'ils s'excitent les uns les autres à la charité et aux bonnes oeuvres, ne se louent-ils jamais intérieurement eux-mêmes en se disant : «Voilà, tu as bien parlé,» ou ne découvrent-ils en eux aucun mouvement de vanité, aucun désir que les autres pensent ainsi et en prennent sujet de les avoir en plus grande estime ? En tout ceci, ou tout au moins à plusieurs de ces égards, que le péché s'attache encore aux meilleurs discours même des croyants ! En avoir la conviction, c'est encore une face de cette repentance qui convient, même à ceux qui sont justifiés.

Et quant à leurs actions, combien de pêchés n'y voient-ils pas attachés, si leur conscience est tout à faite veillée? Dans leur nombre, combien n'y a-t-il pas d'oeuvres qu'on ne peut ni approuver, ni même excuser, si on en juge par la parole de Dieu, bien qu'elles semblent innocentes aux yeux du monde ? N'y en a-t-il pas qu'ils savent eux-mêmes ne pas être pour la gloire de Dieu ? ou même qu'ils ont faites, sans se proposer cette gloire et sans avoir égard à Dieu ? Et parmi celles qu'ils ont faites comme devant Dieu, n'en est-il pas plusieurs dans lesquelles ils n'avaient pas en vue Dieu seul, faisant leur propre volonté au moins autant que la sienne, et cherchant ce qui leur plaît, autant et même plus que ce qui plaît à Dieu? Et quand ils s'efforcent de faire du bien à leur prochain, ne sentent-ils pas en eux-mêmes plusieurs mauvaises dispositions? Leurs bonnes oeuvres, comme on les appelle, ne méritent donc pas rigoureusement ce nom, puisqu'elles sont souillées d'un tel mélange de mal : telles sont leurs oeuvres de charité. Et dans leurs oeuvres de piété, n'y a-t-il pas le même mélange? Lorsqu'ils écoutent la parole qui peut sauver leurs âmes, n'ont-ils pas souvent de ces pensées qui leur donnent lieu de craindre qu'elle ne serve à leur condamnation plutôt qu'à leur salut ? Et n'en est-il pas souvent de même lorsqu'ils s'efforcent, soit en public, soit en particulier; d'offrir leurs prières à Dieu? Même dans ce que le culte présente de plus solennel, dans la célébration de la Cène du Seigneur, quelles sont leurs pensées ? Leur coeurs n'errent-ils pas souvent çà et là, et ne sont-ils pas souvent remplis de telles imaginations que leur sacrifice leur paraît devoir être en abomination au Seigneur? En sorte qu'ils ont plus de honte maintenant de leurs meilleures oeuvres qu'ils n'en avaient auparavant de leurs plus grands péchés.

D'autre part, combien de péchés d'omission peuvent être mis à leur charge ! Nous savons ce que dit l'apôtre : «Celui-là donc pèche qui sait faire le bien et qui ne le fait pas.» Mais n'y a-t-il pas à leur connaissance des milliers d'occasions où ils auraient pu, soit pour le corps, soit pour l'âme, faire du bien à leurs ennemis, à des étrangers, à leurs frères, et où ils ne l'ont pas fait ? De combien d'omissions n'ont-ils pas été coupables dans leurs devoirs en Dieu? Que de fois ils ont négligé la communion, l'ouïe de la parole, la prière publique ou secrète ! Tant il est vrai que les hommes les plus saints ont lieu de s'écrier comme le faisait le pieux archevêque Usher, après tant de travaux pour Dieu, et presque à son dernier soupir «Seigneur! pardonne-moi mes péchés d'omission.»

Mais, outre ces omissions au dehors, ne peuvent-ils trouver au dedans d'eux-mêmes des défectuosités sans nombre ? des défectuosités de tout genre : envers Dieu ils n'ont ni l'amour, ni la crainte; ni la confiance qu'ils devraient avoir envers le prochain ils n'ont ni l'amour qui est dû à tout enfant des hommes, ni même celui qui est dû à tout enfant de Dieu, soit à ceux qui sont éloignés, soit même à ceux avec qui ils sont immédiatement en relation. Aucune disposition sainte n'atteint chez eux le degré qu'il faudrait; ils sont imparfaits en tout, et c'est dans le sentiment profond qu'ils ont de cette imperfection qu'ils sont prêts à s'écrier avec M. de Renty : «Je suis un champ tout couvert de ronces;» ou avec Job : «Je suis un homme vil : je me condamne et me repens sur la poudre et la cendre.»

La repentance qui convient aux enfants de Dieu renferme de plus une conviction de culpabilité. Mais ceci doit être entendu avec réserve et dans un sens particulier. Car il est certain qu'il «n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ,» qui croient en lui, et qui, par la puissance de la foi , marchent, non selon la chair, mais selon l'Esprit.» Et pourtant ils ne peuvent pas plus maintenant qu'avant d'avoir cru soutenir la stricte justice de Dieu. Celle-ci, sur tous les points que nous venons d'indiquer, les déclare encore dignes de mort, et n'était le sang expiatoire, elle prononcerait infailliblement leur sentence. Ils ont donc la conviction entière qu'ils méritent encore le châtiment, quoiqu'il soit détourné d'eux par ce moyen. Mais ici il y a, de part et d'autre, des écueils que peu de gens savent éviter. Ce sont les extrêmes opposés où se jettent la plupart des hommes, les uns se croyant condamnés quand ils ne le sont point, les autres croyant mériter d'être absous. Non, la vérité est entre deux : ils ne méritent encore, à proprement parler, que la damnation de l'enfer. Mais ce qu'ils méritent ne vient point sur eux, parce qu'ils ont un avocat auprès du Père. Sa vie, sa mort et son intercession s'interposent encore entre eux et la condamnation.

Mais cette repentance des croyants comprend encore la conviction de leur entière impuissance. J'entends par là deux choses :

1° Que maintenant pas plus qu'avant d'être justifiés ils ne sont capables par eux-mêmes d'avoir une bonne pensée, de former un bon désir, de prononcer une bonne parole, de faire une bonne oeuvre; qu'ils n'ont encore aucune sorte ni degré de force propre, aucun pouvoir de faire le bien, ni de résister au mal; aucune capacité de vaincre le monde, le diable ou leur mauvaise nature, ni même d'y résister. Ils peuvent, sans doute, faire tout cela; mais ce n'est point par leur propre force. Ils ont le pouvoir de surmonter ces divers ennemis, car «le péché n'a plus domination sur eux;» mais cela ne vient pas même en partie de leur nature; c'est un pur don de Dieu et qui leur est donné, non pas tout à la fois, comme une provision suffisante pour beaucoup d'années, mais de moment en moment.

2° Par cette impuissance, j'entends aussi une incapacité absolue de nous délivrer de cette culpabilité dont nous avons encore conscience, et qui fait que nous mettons encore le châtiment du péché; j'entends aussi l'incapacité de faire disparaître, je ne dirai plus par nous-mêmes, mais par ce degré même de grâce que nous avons, soit la volonté propre, l'amour du monde, la colère, et, en général, le penchant à abandonner Dieu, que nous savons par expérience demeurer encore même chez les régénérés; soit le mal qui, malgré tous nos efforts, s'attache à toutes nos paroles et à toutes nos actions. Joigniez-y l'entière incapacité d'éviter toujours des discours sans charité, et surtout sans profit, de nous garder des péchés d'omission, et de suppléer à ce qui nous manque en toutes choses, surtout au défaut d'amour et à l'imperfection des autres dispositions saintes et justes que nous devons avoir pour Dieu et pour les hommes.

Si quelqu'un hésite à admettre cela et croit que la justification donne la capacité de faire disparaître ces péchés, et du coeur et de la vie, qu'il en fasse l'expérience. Qu'il essaie si, par la grâce qu'il a déjà reçue, il peut chasser l'orgueil, la volonté propre, ou, en général, la corruption innée. Qu'il essaie s'il peut rendre ses paroles et ses actions pures de tout mélange de mal; s'il peut éviter toute conversation sans charité et sans profit, et tout péché d'omission, et s'il peut enfin suppléer aux nombreuses défectuosités qu'il trouve encore en lui-même. Que, sans se laisser décourager par un ou deux essais infructueux, il répète et répète sans cesse l'épreuve : plus il la répètera, plus profonde deviendra sa conviction, qu'en toutes ces choses son impuissance est entière.

Cette vérité est réellement si évidente qu'il s'en faut peu que tous les enfants de Dieu, ça et là dispersés, quoiqu'ils diffèrent sur d'autres points, ne s'accordent tous à reconnaître, que , bien que nous puissions «par l'Esprit mortifier les oeuvres du corps,» combattre et vaincre le péché, tant intérieur qu'extérieur; bien que nous puissions affaiblir de jour en jour nos ennemis, nous ne pouvons cependant les expulser. Quelle que soit la grâce donnée dans la justification, nous ne pouvons par elle les extirper. Pour tant que nous puissions veiller et prier, nous ne pouvons purifier entièrement nos coeurs ni nos mains. Non, sans doute, nous ne le pouvons, jusqu'à ce qu'il plaise à Notre Seigneur de parler encore à notre coeur, de lui dire pour la seconde fois : «Je le veux, sois nettoyé;» alors seulement la lèpre disparaît; alors seulement la mauvaise racine, le sens charnel est détruit, alors la corruption innée n'existe plus. Mais s'il n'y a pas de second changement, de délivrance instantanée après la justification, s'il n'y a pas autre chose qu'une oeuvre graduelle de Dieu (oeuvre que personne ne conteste), alors il faut, bon gré mal gré, nous résigner à rester pleins de souillures jusqu'à la mort, et, dès lors, à rester jusqu'à la mort coupables et dignes de châtiment. Car il est impossible que cette culpabilité cesse de peser sur nous aussi longtemps que le péché demeure ainsi dans notre coeur et s'attache à nos paroles et à nos actions, mais plutôt, selon la rigueur de la justice, chaque pensée, chaque parole, chaque acte nouveau en augmente le poids.

II

Voilà dans quel sens nous devons nous repentir, après que nous sommes justifiés. Et sans cette repentance nous ne pouvons avancer. Car notre mal n'est guérissable que si nous le sentons. Mais si nous avons cette repentance, alors nous sommes appelés à «croire à l'Évangile.»

Ce commandement aussi doit être pris dans un sens particulier, différent de celui dans lequel on croit pour la justification. Croyez la bonne nouvelle de ce grand salut que Dieu a préparé pour tous les peuples. Croyez que Celui qui est «la splendeur de la gloire du Père, et l'image empreinte de sa personne, «peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par Lui.» Il est capable de vous sauver de tout le péché qui demeure encore dans votre coeur. Il est capable de vous sauver de tout le péché qui s'attache à toutes vos paroles et actions. Il est capable de vous sauver des péchés d'omission et de perfectionner en vous ce qui est défectueux. Il est vrai que quant à l'homme c'est impossible; mais quant à l'Homme-Dieu toutes choses sont possibles. Car qu'y a-t-il de trop difficile pour Celui à qui «toute puissance est donnée dans le ciel et sur la terre ?» Il est vrai qu'il ne nous suffit pas de savoir qu'il le peut faire : pour croire qu'il veut le faire, qu'il veut manifester ainsi son pouvoir, il faut qu'il l'ait promis. Mais il l'a promis; il l'a promis surabondamment et dans les termes les plus forts. Il nous a donné ces «grandes et précieuses promesses», soit dans l'Ancien, soit dans le Nouveau Testament. Ainsi dans la Loi, la partie la plus ancienne. des oracles de Dieu, nous lisons : «Le Seigneur ton Dieu circoncira ton coeur et le coeur de ta postérité, afin que tu aimes l'Éternel ton Dieu de tout ton coeur et de toute ton âme (De 30:6).»

Ainsi dans les Psaumes : «Il rachètera Israël» -- l'Israël de Dieu -- «de toutes ses iniquités.» Ainsi dans le Prophète : «Je répandrai sur vous des eaux pures et vous serez nettoyés; je vous nettoierai de toutes vos souillures et de tous vos dieux infâmes. -- Je mettrai mon Esprit au dedans de vous et je ferai que vous marcherez dans mes statuts et les pratiquerez. Je vous délivrerai de toutes vos souillures (Eze 36:25-29).» Ainsi, enfin, dans le Nouveau Testament : «Béni Soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peuple, et de ce qu'il nous a suscité un puissant Sauveur -- selon le serment qu'il avait fait à Abraham notre père, de nous accorder qu'après avoir été délivrés de la main de nos ennemis, nous le servirions sans crainte, en sainteté et en justice, devant Lui, tous les jours de notre vie (Lu 1:68 et suiv.).»

Vous êtes donc bien fondés à croire, non seulement qu'il peut, mais encore qu'il veut faire ces choses ; qu'il veut vous nettoyer de toute souillure, de la chair et de l'esprit, qu'il veut «vous délivrer de toutes vos souillures.» C'est après cette grâce que vous soupirez maintenant; c'est de cette foi que vous avez maintenant besoin. J'ai besoin de croire, que le grand médecin, l'ami de mon âme, a bien la volonté de me rendre net. Mais quand veut-il le faire ? Aujourd'hui ou demain? Laissons-le répondre lui-même : «Aujourd'hui; si vous entendez» ma «voix n'endurcissez pas votre coeur.» Si vous renvoyez à demain, vous endurcissez vos coeurs, vous refusez d'entendre sa voix. Croyez donc qu'il a la volonté de vous délivrer aujourd'hui. Il veut vous délivrer maintenant. «C'est maintenant le temps favorable,» c'est maintenant, qu'il dit : «Sois nettoyé !» Croyez seulement et vous ne manquerez pas d'éprouver aussitôt que «toutes choses sont possibles pour celui qui croit.»

Continue à croire en Celui qui t'a aimé et s'est donné pour toi, en Celui qui «porta tes péchés en son corps sur le bois;» et il continuera à te sauver de toute condamnation par l'application non interrompue de son sang expiatoire. C'est ainsi que nous nous maintenons justifiés. Et si marchant «de foi en foi,» nous croyons pour être nettoyés de la corruption innée, pour être délivrés de toutes nos souillures, nous sommes pareillement délivrés de toute cette culpabilité que nous sentions auparavant. En sorte que nous pouvons dire non seulement : Seigneur, il me faut constamment la vertu de ton sang; mais encore dans la pleine assurance de la foi ; Seigneur, j'éprouve constamment la vertu de ton sang ! Car, par cette foi sans cesse renouvelée en sa vie, en sa mort, en son intercession, nous sommes, de tous points, nettoyés, et non seulement nous ne sommes plus sous la condamnation, mais nous ne la méritons plus comme auparavant, car le Seigneur purifie et nos coeurs et nos actions.

Par cette même foi nous sentons toujours reposer sur nous ce pouvoir de Christ par lequel seul nous sommes ce que nous sommes, qui nous rend capables de persévérer dans la vie spirituelle et sans lequel, quelque saints que nous soyons dans un moment donné, nous serions l'instant d'après, des démons. Mais aussi longtemps que nous retenons notre foi en Lui, «nous puisons des eaux, avec joie, aux sources de cette délivrance.» Appuyés sur notre Bien-Aimé, sur Christ qui est en nous l'espérance de la gloire, qui habite dans nos coeurs par la foi, et il qui toujours intercède pour nous à la droite de Dieu, nous recevons son secours pour penser, dire, faire les choses qui lui sont agréables. C'est ainsi que dans toutes leurs oeuvres, il vient au-devant de ceux qui croient en Lui, et les fait avancer par son constant secours, en sorte que c'est en Lui qu'est le commencement, la continuation et la fin de tous leurs desseins, de tous leurs discours, de toutes leurs actions. C'est ainsi que par la communication de son Esprit, il purifie les pensées de leurs coeurs, afin qu'ils puissent l'aimer d'un amour parfait et glorifier dignement son saint nom.

C'est ainsi que, chez les enfants de Dieu, la repentance et la foi se correspondent l'une à l'autre. Par la repentance nous sentons que le péché demeure dans nos coeurs et s'attache à nos paroles et à nos actions par la foi nous recevons le pouvoir de Dieu en Christ qui purifie nos coeurs et nos mains. Par la repentance, nous nous voyons encore dignes de châtiment pour toutes nos dispositions, paroles et actions : par la foi, nous savons que notre «avocat auprès du Père ne cesse de plaider pour nous, et qu'il éloigne ainsi de nous, sans cesse, la condamnation et le châtiment. Par la repentance, nous avons la conviction permanente de notre incapacité pour le bien; par la foi, nous obtenons non seulement la miséricorde, mais la «grâce pour être secourus dans le temps convenable.» La repentance repousse jusqu'à la possibilité d'un autre secours; la foi accepte tout le secours nécessaire de Celui qui a «toute puissance dans le ciel et sur la terre !» La repentance dit : «Sans lui je ne puis rien;» la foi dit : «Je puis toutes choses par Christ qui me fortifie.» Par lui je puis non seulement vaincre, mais expulser tous les ennemis de mon âme.

Par lui je puis «aimer le Seigneur mon Dieu, de tout mon coeur, de toute mon âme, de toute ma pensée et de toutes mes forces;» Je puis marcher dans la sainteté et dans la justice devant Lui tous les jours de ma vie.

III

De ce qui précède, nous pouvons aisément conclure :

1. Combien est pernicieuse l'opinion que dès que nous sommes justifiés nous sommes entièrement saints et que nos coeurs sont dès lors purifiés de tout péché. Nous sommes alors, il est vrai, délivrés, ainsi qu'il a été dit, de la domination extérieure du péché, et la puissance du péché intérieur est même brisée de telle sorte que nous ne sommes plus du tout obligés ni de le suivre, ni de lui obéir; mais il n'est point vrai que le péché intérieur soit dès lors totalement détruit, que l'orgueil, la volonté propre, la colère, l'amour du monde n'aient plus de racine dans le coeur, ou que l'affection charnelle et le penchant du coeur à s'éloigner de Dieu soient extirpés. Supposer le contraire n'est pas non plus, comme on pourrait croire, une erreur innocente et inoffensive. Non, elle fait un mal immense; elle rend tout changement ultérieur impossible; car évidemment ceux qui sont en santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Si donc nous croyons être déjà tout à fait guéris, il n'y a pas lieu de chercher une plus complète guérison. Dans cette supposition il serait absurde d'attendre aucune autre délivrance du péché, soit graduelle, soit instantanée.

Au contraire, la conviction profonde que nous ne sommes pas encore entièrement guéris, que nos

coeurs ne sont pas tout à fait purs, qu'il y a encore en nous des sentiments charnels qui, de leur nature, sont inimitié contre Dieu, et que le corps du péché est encore là, tout entier, affaibli mais non détruit, cette conviction ne permet aucun doute sur l'absolue nécessité d'un changement plus complet. J'accorde sans doute que, dès l'instant que nous sommes justifiés, nous sommes nés de nouveau : dès cet instant nous expérimentons au dedans ce que l'Écriture appelle «un passage des ténèbres à la lumière,» -- de l'image de la brute et du diable à l'image de Dieu, -- des sentiments terrestres, sensuels et diaboliques aux sentiments qui étaient en Jésus-Christ. Mais sommes-nous dès lors entièrement changés? Sommes-nous complètement transformés à l'image de Celui qui nous a créés ? Bien loin de là ! Il y a toujours en nous un abîme de péché, nous le sentons, et c'est ce qui nous presse de chercher avec larmes une entière délivrance auprès de Celui qui est puissant pour sauver. De là vient que ceux d'entre les croyants qui n'ont pas la conviction de leur profonde corruption ou qui n'en ont qu'une conviction légère et doctrinale ont peu de souci de leur entière sanctification. Il se peut qu'ils admettent un tel changement pour le moment de la mort ou pour une époque antérieure qu'ils ne sauraient fixer. Mais ils ne souffrent guère d'en être privés; ils n'en sont ni affamés, ni altérés. Ils ne sauraient l'être, jusqu'à ce qu'ils se repentent dans le sens que j'ai indiqué, jusqu'à ce que Dieu leur dévoile la face du monstre qu'ils cachent en leur sein, et leur montre l'état réel de leur âme. Alors seulement, sentant leur fardeau, ils soupireront après la délivrance. Alors, et seulement alors, ils s'écrieront dans l'angoisse de leur âme:

Brise les liens du péché
Et mets mon âme en liberté !
Il n'y a de vrai repos pour moi
Que dans la pureté d'un esprit tout à toi !

2. Une seconde conclusion à tirer de nos réflexions, c'est qu'une profonde conviction de notre démérite et même, dans un certain sens, de notre coulpe, dans l'état de justification, est absolument nécessaire pour nous faire apprécier toute la valeur du sang expiatoire, pour nous faire sentir qu'après, comme avant la justification, nous en avons le plus grand besoin. Sans cela nous ne pouvons regarder le sang de l'alliance que comme une chose commune dont nous n'avons pas maintenant grand besoin, tous nos péchés passés étant effacés. Oui, mais si notre coeur est encore impur, aussi bien que notre vie, il en résulte pour nous une espèce de culpabilité toujours nouvelle qui nous exposerait à chaque instant à une nouvelle condamnation, si nous ne pouvions dire de notre Rédempteur :

Il vit toujours aux cieux
Pour plaider notre cause,
Par son sang précieux.

Il y a dans les paroles qui suivent une forte expression de la repentance des croyants et de la foi qui doit en être inséparable :

En moi chaque souffle est péché; je ne fais point ta volonté ici-bas comme les anges dans le ciel. Mais la source demeure toujours ouverte; je m'y lave les pieds, le coeur, les mains, jusqu'à ce que je sois rendu accompli dans l'amour.»

3. Enfin une dernière conclusion, c'est qu'une conviction profonde de notre extrême impuissance, de notre extrême incapacité pour retenir ce que nous avons reçu, et plus encore pour nous délivrer nous-mêmes de ce monde d'iniquité qui demeure dans nos coeurs et dans nos actions, peut seule nous enseigner à vivre véritablement de la foi en Christ, non seulement comme étant notre sacrificateur, mais aussi comme notre roi. C'est ce qui nous dispose réellement à «l'exalter,» à «rendre toute gloire à sa grâce, à «le recevoir comme un vrai Christ, un parfait Sauveur, et à poser en réalité la couronne royale sur sa tête.»

Belles paroles ! qui n'ont que peu ou point de sens dans bien des bouches, mais qui s'accomplissent dans toute leur force et leur profondeur, lorsqu'ainsi nous sortons, en quelque sorte, de nous-mêmes, pour ne plus vivre que de sa vie; lorsque nous rentrons nous-mêmes dans le néant, pour qu'il soit «tout en tout.» Sa grâce toute puissante ayant alors détruit «toute hauteur qui s'élève contre lui, il s'ensuit que toute disposition, toute pensée, toute parole, toute action est amenée «captive» et soumise à «l'obéissance de Christ.»