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Réveille-toi, toi qui dors

Tous droits réservés.
Edition numérique © Yves Petrakian, Juillet 2003



« Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclaira. » (Eph 5:14)



J'essaierai, avec l'aide de Dieu, en traitant ce texte, d'abord de décrire les dormeurs auxquels il s'adresse, -- puis d'insister sur l'exhortation : «Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts,» -- et enfin d'expliquer la promesse faite à ceux qui se réveillent et se relèvent : «Christ t'éclairera.»

I

Voyons d'abord qui sont les dormeurs dont il est ici question. Ce sommeil représente l'état naturel de l'homme ce profond sommeil de l'âme dans lequel le péché d'Adam a plongé tous ceux qui sont issus de lui ; cette nonchalance, cette indolence, cette stupidité, cet état d'insensibilité à l'égard de sa condition, qui est l'état de tout homme dès son entrée dans le monde et aussi longtemps que la vois de Dieu ne l'a pas réveillé.

Or, «ceux qui dorment, dorment la nuit (1Th 5:7).» L'état de nature est un état de complètes ténèbres, un état où «les ténèbres couvrent la terre et l'obscurité les peuples (Esa 60:2).» Le pauvre pécheur non réveillé peut avoir des connaissances étendues sur d'autres sujets, mais il ne se connaît pas lui-même; et, à cet égard, «il ne contrait rien comme il faut connaître (1Co 8:2).» Il ignore qu'il est un esprit déchu, dont l'unique affaire dans ce monde est de se relever de sa chute, et de retrouver cette ressemblance divine qu'il reçut à sa création. Il ne voit point la nécessité de la seule chose nécessaire, de ce changement intérieur radical, de cette «naissance d'en haut», que le baptême représente, et qui est le point de départ, de cette rénovation totale, de cette sanctification de l'esprit, de l'âme et du corps, «sans laquelle personne ne verra le Seigneur ! (Heb 12:14) .

En proie à toutes les maladies, il s'imagine jouir d'une santé parfaite. Dans la misère et dans les fers, il rêve qu'il est en liberté. Il dit: Pais ! paix ! tandis que le diable, semblable à un «homme bien armé (Mat 12:29),» règne en maître sur son âme. Il dort et se repose, tandis que l'enfer s'émeut pour lui faire accueil, tandis que l'abîme, d'où l'on ne revient pas, tient sa gueule béante pour l'engloutir. Un feu est allumé autour de lui, et il ne s'en doute pas ; un feu le consume, et il ne s'en met pas en peine.

Celui qui dort, c'est donc (et plût à Dieu que nous le comprissions tous !) le pécheur qui se plait dans ses péchés, qui ne désire pas se relever de sa déchéance, qui entend vivre et mourir sans recouvrer la ressemblance divine ; c'est un homme qui ignore et sa maladie et le seul remède qui puisse la guérir; c'est un homme qui n'a jamais entendu, ou jamais compris la voie de Dieu l'avertissant de «fuir la colère à venir (1Th 5:10) ;» c'est un homme qui ne s'est jamais vu menacé du feu de la géhenne, et n'a jamais crié dans la détresse de son âme : «Que faut-il que je fasse pour être sauvé? (Act 16:30)»

Si ce pécheur endormi n'est pas extérieurement vicieux, son sommeil n'en est que plus profond ordinairement ; soit que, tiède Laodicéen, il ne soit «ni froid ni bouillant (Apo 3:15)», se bornant à être un observateur calme, raisonnable, inoffensif de la religion de ses pères ; soit que, plein de zèle et d'orthodoxie, il vive en Pharisien, «selon cette secte, la plus exacte de notre religion (Act 26:4),» c'est-à-dire (pour le dépeindre comme le fait l'Ecriture), essayant de se justifier lui-même et d'établir sa propre justice, comme le fondement de sa réconciliation avec Dieu.

Cet homme a «l'apparence de la piété, mais en a renié la force (2Ti 3:5) ;» et il lui arrive souvent de décrier la vraie piété, qu'il taxe d'extravagance et d'hypocrisie. Cependant le malheureux, dans son aveuglement, rend grâces à Dieu de ce qu'il n'est pas «comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères (Lu 18:11). Non, il ne fait tort à personne ; il «jeûne deux fois la semaine,» il emploie tous les moyens de grâce, il est assidu à l'église et à la table sainte; bien plus, il «donne la dîme de tout ce qu'il possède,» il fait tout le bien qu'il peut. «Quant à la justice de ta loi, il est sans reproche (Phi 3:6).» Il ne lui manque, en fait de piété, que ce qui en est la force ; en fait de religion, que ce qui en est l'esprit; en fait de christianisme, que ce qui en est la vérité et, la vie.

Mais ne savez-vous pas que, quelque haute estime qu'aient les hommes d'un tel chrétien, il est en abomination devant Dieu, et qu'il hérite de toutes les malédictions que le Fils de Dieu dénonce, hier, aujourd'hui et éternellement, contre «les Scribes et les Pharisiens hypocrites?» Il a «nettoyé le dehors de la coupe et du plat (Mat 23:25)» tandis qu'au dedans il est plein de souillure. C'est avec raison que notre Seigneur le compare à «un sépulcre blanchi, qui parait beau par dehors, mais qui au dedans est plein d'ossements de morts et de toute sorte de pourriture (Mat 23:27).» Ces ossements, il est vrai ne sont plus desséchés ; des nerfs et de la chair ont crû sur eux, et la peau les couvre , mais le souffle, L'Esprit du Dieu vivant en est absent. Et «si quelqu'un n'a point l'Esprit de Christ, il n'est point à lui (Ro 8:9)» Vous êtes à Christ, «s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous;» mais s'il n'y habite pas, Dieu sait que vous êtes dans la mort.

C'est ici un autre caractère de celui qui dort spirituellement : il est dans la mort, bien qu'il ne s'en doute pas. Il est mort à Dieu, «mort dans ses fautes et dans ses péchés (Eph 2:1)» car «l'affection de la chair donne la mort (Ro 8:6).» Aussi est-il écrit : «Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et, par le péché la mort, de même aussi la mort est passée sur tous les hommes» non seulement la mort physique, mais encore la mort spirituelle et éternelle. Et Dieu dit à Adam: «Au jour où tu mangeras (du fruit défendu), tu mourras (Ge 2:17)» non pas corporellement (à moins qu'on ne l'entende dans ce sens qu'il devint alors mortel), mais spirituellement: tu perdras la vie de ton âme, tu mourras par rapport à Dieu, tu seras séparé de lui, qui est pour toi la source unique de la vie et du bonheur.

C'est ainsi que fut rompre à l'origine l'union vitale de notre âme avec; Dieu, de telle sorte qu'au milieu de la vie naturelle nous sommes maintenant dans la mort spirituelle. Et nous y demeurons jusqu'à ce que le second Adam devienne pour nous un Esprit vivifiant, jusqu'à ce qu'il ressuscite les morts, ceux qui sont morts dans le péché, le plaisir, les richesses ou les honneurs. Mais avant qu'une âme morte puisse revivre, elle doit écouter et «entendre la voix du Fils de Dieu (Jea 5:25) ;» elle doit se sentir perdue et accepter la sentence de mort qu'elle a encourue ; elle doit se reconnaître «morte en vivant (1Ti 5:6),» morte à Dieu et aux choses de Dieu, et aussi incapable de faire les oeuvres d'un chrétien vivant qu'un corps mort l'est d'accomplir les fonctions d'un homme vivant.

Il est incontestable qu'un homme mort dans ses péchés n'a pas le sens moral exercé à discerner le bien du mal. «Ayant des yeux, il ne voit, point ; ayant des oreilles, il n'entend point (Mr 8:18).» Il ne «goûte pas et ne voit pas que le Seigneur est bon (Ps 34:9)» Il n'a jamais «vu Dieu (Mat 5:8),» ni «entendu sa voix (Ps 95:10)» ni «touché de ses mains» ce qui concerne «la Parole de vie (1Jn 1:1).» C'est en vain que le nom de Jésus est «comme un parfum répandu (Ca 1:3),» et que «ses vêtements sont parfumés de myrrhe, d'aloès et de casse (Ps 45:9).» L'âme qui dort dans la mort n'a pas de perceptions pour de tels objets, et, privée d'intelligence, elle ne comprend rien à ces choses.

Et, c'est ainsi que l'homme naturel, n'ayant pas de sens spirituels et privé de tout moyen de connaissance spirituelle, «ne comprend pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu (1Co 2:14)» et il est, même si loin de les comprendre qu' «elles lui paraissent une folie, parce que c'est spirituellement qu'on en juge» Il ne se borne pas à être absolument ignorant des choses spirituelles ; il va jusqu'à en nier l'existence, et toute sensation spirituelle est pour lui le comble de la folie. «Comment, s'écrie-t-il, ces choses se peuvent-elles faire? (Jea 3:9)» Comment un homme peut-il savoir qu'il vit de la vie de Dieu? Je réponds : De la même manière que vous savez que votre corps est actuellement vivant. La foi est la vie de l'âme, et si vous avez cette vie habitant en vous, vous n'avez pas besoin d'autre preuve de son existence que ce témoignage de l'Esprit (Ro 8:16), ce sentiment intime et divin, qui a plus de force et de poids que dix mille témoignages humains.

Si cet Esprit de Dieu ne rend pas maintenant témoignage à ton esprit que tu es enfant de Dieu, oh ! qu'il puisse du moins te convaincre, par sa démonstration de paissance, ô pauvre pécheur endormi, que tu es encore un enfant du démon. Oh ! que tandis que je prophétise aux ossements desséchés, il y ait «un bruit, puis un tremblement, et que ces os se rapprochent l'un de l'autre.»

Et ensuite, «viens, Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces tués et qu'ils revivent ! (Eze 37:1-11)» Et vous, ne résistez pas au Saint-Esprit, qui est ici pour vous convaincre de péché, «parce que vous n'avez pas cru au nom du Fils unique de Dieu (Jea 3:18).»

II

«Réveille-toi donc, toi qui dors, et te relève d'entre les morts,» Dieu t'appelle maintenant par ma bouche, esprit déchu, et il te met en demeure de te rendre compte de ton véritable état et de ce que tu as à faire ici-bas. «Qu'as-tu, dormeur? Lève-toi et crie à ton Dieu : peut-être qu'il pensera à toi, et tu ne périras pas (Jon 1:6).» Une terrible tempête s'est déchaînée tout autour de toi, et tu enfonces dans les profondeurs de la perdition, dans l'abîme des jugements divins. Si tu veux n'y pas périr, jette-t'y toi même. Juge-toi toi-même et tu ne seras pas jugé par le Seigneur.

Réveille-toi ! réveille-toi ! Lève-toi en ce moment, de peur que le Seigneur ne te fasse «boire du vin de sa colère (Apo 14:10).» Efforce-toi de saisir le Seigneur, l'Eternel ta justice, puissant pour sauver! Lève-toi de la poussière ! Que les menaces de Dieu, comme un tremblement de terre, te secouent. Réveille-toi et crie avec le geôlier tremblant : «Que faut-il que je fasse pour être sauvé? (Act 16:30)» Et ne sois en repos que lorsque tu croiras au Seigneur Jésus, de cette foi qui est le don de Dieu, par l'opération de son Esprit.

S'il est quelqu'un à qui je doive m'adresser plus directement qu'à tout autre, c'est précisément toi qui t'imagines que cette exhortation ne te concerne pas. J'ai un message pour toi de la part de Dieu. En son nom, je te somme de fuir la colère à venir. Ame inconvertie, vois ton image dans Pierre condamné, chargé d'une double chaîne et couché entre deux soldais dans une noire prison, dont la porte est gardée par d'autres soldats (Act 12:6). La nuit est déjà avancée et va faire place au matin fixé pour ton supplice. Et dans une situation aussi dangereuse, tu dors profondément, dans les bras du démon, au bord de l'abîme, dans la gueule ouverte de l'éternelle destruction !

Oh ! puisse l'ange du Seigneur s'approcher de toi, et la lumière éclairer ta prison ! Et puisses-tu sentir le choc d'une main toute-puissante qui t'arrache au sommeil, et entendre une voix te dire : «Lève-toi promptement, ceins-toi, et attache tes souliers, mets la robe et suis-moi (Act 12:7,8).»

Réveille-toi, esprit immortel, de ton rêve de félicité mondaine! Dieu ne t'a-t-il pas créé pour lui-même ? Tu ne peux donc trouver ton repos qu'en lui. Reviens, âme errante ! vole vers ton arche. Ce monde n'est point ta patrie ; ne cherche pas à t' y construire des tabernacles. Tu es un étranger et un voyageur sur la terre, une créature d'un jour; mais tu vas aborder bientôt à un rivage où rien ne change plus. Oh ! hâte-toi. L'éternité va commencer pour toi, une éternité de bonheur ou de misère, une éternité qui va dépendre de ce moment même.

Quel est l'état de ton âme ? si Dieu te la redemandait, tandis que je parle, serais-tu prêt pour la mort et pour le jugement ? Pourrais-tu soutenir les regards de Celui dont «les yeux sont trop purs pour voir le mal ? (Hab 1:13)» As-tu tes dispositions requises pour être admis à participer à «l'héritage des saints dans la lumière? (Col 1:12)» As-tu «combattu le bon combat et gardé la foi ? (2Ti 4:7)» Es-tu en possession de la seule chose nécessaire? As-tu recouvré l'image de Dieu, «qui consiste en une sainteté et une justice véritables? (Eph 4:24)» T'es-tu dépouillé du vieil homme, et t'es-tu revêtu du nouveau ? Es-tu «revêtu du Seigneur Jésus-Christ ?

As-tu de l'huile dans ta lampe, la grâce de Dieu dans ton coeur? Aimes-tu «le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force? (Mr 12:30)» L'esprit, qui était en Jésus est-il aussi en toi? Es-tu un vrai chrétien, c'est-à-dire une nouvelle créature? Les choses vieilles sont-elles passées, toutes choses sont-elles devenues nouvelles ?

Es-tu «participant de la nature divine ? (2Pi 1:4) , reconnais-tu que «Christ est en toi, à moins que tu ne sois réprouvé ? (2Co 12:5)» reconnais-tu que Dieu demeure en toi, et toi en Lui, «par son Esprit qu'il t'a donné? (1Jn 3:24)» Ne reconnais-tu pas que «ton corps est le temple du Saint-Esprit, qui t'a été donné? (1Co 6:19)» As-tu «reçu le Saint-Esprit" (Act 19:2)» Ou Bien cette question te surprend-elle; et ne sais-tu pas même qu'il y ait un Saint-Esprit ?

Si ces questions t'offensent, sois assuré que tu n'es pas chrétien et, que tu n'as pas même envie de le devenir. Non, les prières mêmes deviennent un péché, et aujourd'hui même tu t'es solennellement moqué de Dieu, en lui demandant. l'inspiration de son Saint-Esprit, alors que tu ne crois pas qu'il y ait quelque chose de tel à recevoir.

Cependant, je dois, sur l'autorité de Dieu et sur celle de notre Eglise, te réitérer la question : «As-tu reçu le Saint-Esprit?» Si tu ne l'as pas reçu, tu n'es pas encore un chrétien, car un chrétien est un homme «oint du Saint-Esprit et de puissance (Act 10:38).» Tu ne possèdes pas encore «la religion pure et sans tache (Jas 1:27).» Sais-tu bien ce que c'est que la religion? Sais-tu que c'est une «participation à la vie divine (2Pi 1:4)», la vie de Dieu dans l'âme de l'homme, «Christ en toi, l'espérance de la gloire? (Col 1:27) Sais-tu que c'est le bonheur et la sainteté, le ciel commencé sur la terre, le royaume de Dieu au dedans de toi? Sais-tu qu'elle «ne consiste pas dans le manger ni le boire», ni rien d'extérieur, mais «dans la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit? (Ro 14:17).» Sais-tu qu'elle est un royaume éternel établi dans ton âme une «paix de Dieu qui surpasse toute intelligence» (Phi 4:7), une «joie ineffable et pleine de gloire? ( Gal 5:6).»

Sais-tu bien qu' «en Jésus-Christ il ne sert de rien d'être circoncis, ou de ne l'être pas, mais qu'il faut avoir la foi qui est agissante par la charité, (Gal 5:6)» et qu'il faut être une nouvelle créature? Vois-tu la nécessité de ce renouvellement intérieur, de cette naissance spirituelle, de cette résurrection d'entre les morts, de cette sainteté? Et es-tu bien convaincu que «sans la sanctification, personne ne verra Seigneur? (Heb 12:14)» La recherches-tu, «l'étudiant à affermir ta vocation, et ton élection (2Pi 1:10),» «travaillant à ton salut avec crainte et tremblement (Phi 2:12),» «t'efforçant d'entrer par la porte étroite? (Lu 13:24)» Es-tu sérieusement préoccupé au sujet de ton âme ? Et peux-tu dire à Celui qui sonde les coeurs : C'est après toi, mon Dieu, que je soupire? «Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je voudrais t'aimer?

Tu espères être sauvé ; mais quelle raison peux-tu donner de l'espérance qui est en toi ? Allègueras-tu que tu n'as fait de tort à personne, ou que tu as fait beaucoup de bien? diras-tu que tu n'es pas comme les autres hommes, que tu es sage, instruit, honnête et moralement bon, en possession de l'estime des hommes et d'une bonne réputation ? Hélas! tout cela ne te rapprochera jamais de Dieu, tout cela est, à ses yeux, plus léger que la vanité même. Connais-tu Jésus-Christ, qu'Il a envoyé? T'a-t-il enseigné que «nous sommes sauvés par grâce, par la foi ; que cela ne vient pas de nous, que c'est, le don de Dieu, que ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie ?(Eph 2:8,9).» As-tu reçu, comme base de toute ton espérance, «cette parole certaine, que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs ? (1Ti 1:15)» As-tu appris ce que signifient ces paroles : «Ce ne sont pas les justes que je suis venu appeler à la repentance, mais les pécheurs (Mat 9:13) «Je ne suis envoyé qu'aux brebis perdues? (Mat 15:24)» Es-tu déjà (que celui qui l'entend le comprenne !) perdu, mort, condamné? Sais-tu ce que tu mérites? Sens-tu ce qui te manque ? Es-tu pauvre en esprit? Cherches-tu Dieu avec larmes, en refusant, d'être consolé ? Le prodigue est-il «rentré en lui-même», et prend-il son parti d'être considéré comme étant «hors de lui-même» par ceux qui en sont encore à se nourrir des carouges qu'il a laissées? à vivre saintement en Jésus-Christ? Et souffres-tu en conséquence la persécution? Les hommes disent-ils faussement contre toi toute sorte de mal, à cause du Fils de l'homme?

Oh ! puissent toutes ces questions vous faire entendre la voix qui ressuscite les morts, et vous faire sentir le marteau de la Parole, qui brise en pièces les rochers !

«Si vous entendez sa voix. aujourd'hui (pendant qu'il est dit : Aujourd'hui) , n'endurcissez point vos coeurs (Heb 3:7,8,13) . Et maintenant, «réveille-toi, toi qui dors» dans la mort spirituelle, de peur que tu ne t'endormes dans la mort éternelle ! Aie le sentiment de ton état de perdition, et «relève-toi d'entre les morts.» Laisse tes anciens compagnons dans le péché et dans la mort. «Sauve-toi du milieu de cette race perverse (Act 2:40).» «Sors du milieu d'eux et t'en sépare, dit le Seigneur, et ne touche point à ce qui est impur, et je te recevrai (2Co 6:17)»

«Et Christ t'éclairera!»

III

C'est cette promesse que je veux enfin expliquer. Combien n'est-il pas encourageant de penser que, qui que tu sois qui obéis à l'appel de Christ, tu ne peux pas chercher en vain sa face ! Si maintenant même tu te relèves d'entre les morts, il a pris l'engagement de t'éclairer. Le Seigneur le donnera la grâce et la gloire la lumière de sa grâce ici-bas, et la lumière de sa gloire lorsque tu recevras la couronne incorruptible. «Ta lumière éclora comme l'aube du jour, et les ténèbres seront comme le midi Esa 58:8,10)» «Dieu, qui a dit que la lumière sortit des ténèbres, répandra sa lumière dans ton coeur, pour faire briller la connaissance de sa gloire, en la présence de Jésus-Christ (2Co 4:6) .» «Sur vous qui craignez le nom de l'Eternel, se lèvera le soleil de la justice, et la santé sera dans ses rayons (Mal 4:2).» Et en ce jour, il te sera dit: «Lève-toi, sois illuminée, car ta lumière est venue, et la gloire de l'Éternel s'est levée sur toi (Esa 60:1).» Car Christ se révèlera lui-même en toi, et il est la vraie lumière.

Dieu est lumière, et il se donnera lui-même à tout pécheur réveillé qui s'attend à lui. Et tu seras alors un temple du Dieu vivant, et «Christ habitera en ton coeur par la foi, et, étant enraciné et fondé dans la charité, tu pourras comprendre avec tous les saints, quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de cet amour de Christ, qui surpasse toute connaissance (Eph 3:17-19).»

Voilà votre vocation, mes frères. Nous sommes appelés à être «une maison de Dieu en esprit,» (Eph 2:22) et, par son Esprit habitant en nous, à être saints ici-bas, et participants de l'héritage des saints dans la lumière. Telle est l'incomparable grandeur des promesses qui nous sont données, données dès maintenant à nous qui croyons! Car par la foi nous recevons, «non l'esprit de ce monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu,» (le résumé de toutes les promesses), «afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu (1Co 2:12) .»

L'Esprit de Christ est ce grand don de Dieu qu'il a promis à l'homme, en divers temps et en plusieurs manière, et qu'il a pleinement répandu depuis que Christ a été glorifié. Il a ainsi accompli ces promesses faites aux pères : «Je mettrai mon Esprit au dedans de vous, et je ferai que vous marcherez dans mes statuts (Eze 36:27).» «Je répandrai des eaux sur celui qui est altéré, et des rivières sur la terre sèche; je répandrai mon Esprit, sur ta postérité, et ma bénédiction sur ceux qui sortiront de toi (Esa 44:3).»

Vous pouvez tous devenir de vivants témoignages de ces choses, de la rémission des péchés et du don du Saint-Esprit. «Si tu peux croire, toutes choses sont possibles pour celui qui croit (Mr 9:23).» Qui parmi vous craint l'Eternel, et marche cependant dans les ténèbres? Je te le demande au nom de Jésus : Crois-tu que son bras n'est pas raccourci ? qu'il est toujours puissant pour sauver? qu'«il est le même hier, aujourd'hui et éternellement? (Heb 13:8)» qu'il a maintenant. «l'autorité de pardonner les péchés sur la terre ? (Mat 9:6)». «Mon fils, prends courage, tes péchés te sont pardonnés.(Mat 9:2).» Dieu, pour l'amour de Christ, t'a pardonné. Crois cela, non comme ta parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme la Parole de Dieu (1Th 2:13);» et tu es justifié gratuitement par la foi. Et c'est aussi par la foi qui est en Jésus que tu seras sanctifié, et que tu pourras attester que «Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est en son Fils (1Jn 5:11).

Hommes frères, laissez-moi vous parler librement, et souffrez qu'une parole d'exhortation vous soit adressée par l'un des moins estimés dans l'Église. Votre conscience vous rend témoignage par le Saint-Esprit, que ces choses sont vraies, du moins si vous avez goûté combien le Seigneur est bon. «C'est ici la vie éternelle de connaître le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ qu'il a envoyé (Jea 17:3).» Cette connaissance expérimentale est le seul vrai christianisme. Celui-là est un chrétien, qui a reçu l'Esprit de Christ, et celui-là n'est pas un chrétien qui ne l'a pas Et il n'est pas possible de l'avoir reçu sans le savoir. Car «en ce jour-là, dit Jésus (lorsqu'il viendra, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous (Jea 14:20).» C'est là cet «Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous et qu'il sera en vous (Jea 14:17).

Le monde ne peut le recevoir; il repousse même la promesse du Père, avec violence et avec blasphèmes. Mais tout esprit qui ne confesse pas cela n'est pas de Dieu. «C'est là l'esprit de l'Antéchrist, dont vous avez ouï dire qu'il viendra, et qui dès à présent est dans le monde (1Jn 4:4)» Celui-là est un antéchrist qui nie l'inspiration du Saint-Esprit, ou qui prétend que ce n'est pas le privilège commun de tous les croyants d'avoir l'Esprit de Dieu habitant en eux, car c'est là la bénédiction évangélique, le don par excellence, la promesse universelle, le critérium du vrai chrétien.

C'est en vain qu'on viendrait dire : «Nous ne nions pas l'aide de l'Esprit de Dieu, mais seulement cette inspiration, cette réception du Saint-Esprit, et la conscience que l'on en aurait. C'est seulement à ce sentiment intérieur de l'Esprit, à celte prétention à être dirigé par lui, ou à en être rempli, que nous refusons toute place dans une saine religion.» Oui, mais en repoussant ce seul point, c'est toute l'Ecriture que vous repoussez, toute la vérité, la promesse et le témoignage de Dieu.

Notre excellente Eglise ne connaît pas cette distinction diabolique. Elle parle simplement de «sentir l'Esprit de Christ (art. 17 de la Confession de foi de l'Eglise anglicane.) ;» d'être «poussé par le Saint-Esprit (Office pour la consécration des ministres.),» de connaître et de «sentir qu'il n'y a pas d'autre nom que celui de Jésus (Liturgie pour la visite des malades),» par lequel nous puissions recevoir la vie et le salut. Elle nous enseigne tous à demander «l'inspiration du Saint-Esprit (Liturgie de la communion.),» et d'être «remplis du Saint-Esprit (Liturgie de la confirmation.).» Bien plus, tous ses ministres professent d'avoir reçu le Saint-Esprit par le moyen de l'imposition des mains ; de sorte que nier l'une de ces propositions, c'est en réalité renoncer à I'Eglise anglicane, aussi bien qu'à toute la Révélation chrétienne.

Mais la sagesse de Dieu a toujours été une folie pour les hommes, et il n'est, pas surprenant que ce grand mystère de l'Evangile soit, de nos jours encore, «caché aux sages et aux intelligents (Mat 11:25),» comme il l'était autrefois. Il n'est pas surprenant qu'il soit presque universellement nié, tourné en ridicule et rejeté comme une pure extravagance, et que tous ceux qui osent le confesser soient traités de fous et d'enthousiastes. C'est là l'apostasie qui devait arriver, qui entraîne les hommes de tout ordre et de tout rang et qui semble avoir inondé toute la terre. «Promenez-vous par les rues de Jérusalem, et informez-vous par ses places si vous trouverez un homme (Jer 5:1),» un homme qui aime le Seigneur son Dieu de tout son coeur, et le serve avec toute sa force. Notre pays (pour ne parler que de lui) gémit, submergé par l'impiété. Que d'abominations de toute espèce se commettent. chaque jour, et bien souvent avec impunité, par des hommes qui pèchent le front haut et se font gloire de leur infamie ! Qui pourrait énumérer les jurements, les imprécations, les blasphèmes, les paroles profanes, les mensonges, les calomnies, les médisances; les profanations du jour du Seigneur; les actes de gloutonnerie et d'ivrognerie; les actes de vengeance; les fornications, les adultères et les diverses formes d'impureté ; les fraudes, l'injustice, l'oppression, les extorsions qui, comme un déluge, couvrent notre pays?

Et même parmi ceux qui se sont gardés purs de ces grossières abominations, que d'emportements et d'orgueil ! que d'indolence et de paresse ! que de mollesse et de sensualité ! que de luxe et d'amour exagéré du bien-être ! que d'avarice et d'ambition ! que de soif des louanges ! que d'amour du monde ! que de crainte des hommes ! Et qu'il y a peu, en même temps, de vraie religion ! Où sont, ceux qui aiment Dieu et leur prochain, comme il nous le commande? D'un côté, se trouvent, ceux qui n'ont pas même l'apparence de la religion, et, de l'autre, ceux qui n'ont que cela; le sépulcre ouvert, là le sépulcre blanchi. De telle sorte que quiconque voudrait examiner de prés une assemblée quelconque (sans excepter, je le crains, celles qui se réunissent dans nos églises) la trouverait composée, en partie de Sadducéens, en partie de Pharisiens ; les premiers ne s'inquiétant pas plus de la religion que s'il n'y avait «ni résurrection, ni anges, ni esprits (Act 23:8) ;» et les seconds faisant de la religion une pure forme, privée de vie, un ensemble d'observances ennuyeuses, sans foi véritable, sans amour pour Dieu, sans joie par le Saint-Esprit !

Plût à Dieu que je pusse faire une exception en faveur de ceux qui se trouvent ici ! «Frères, le souhait de mon coeur et la prière que je fais à Dieu pour vous, c'est que vous soyez sauvés» (Ro 10:1) de ce débordement d'impiété, et que ses vagues orgueilleuses s'arrêtent ici. Mais est-ce bien le cas ? Dieu sait que non, et notre conscience le sait aussi. Vous ne vous êtes pas conservés purs. Nous aussi, nous sommes corrompus et abominables; il y en a peu qui aient de l'intelligence ; il en a peu qui adorent Dieu en esprit et en vérité. Nous aussi sommes «une génération qui n'a point soumis son coeur et dont l'esprit n'a point été fidèle au Dieu fort (Ps 78:8).» Le Seigneur nous a établis pour être «le sel de la terre ; mais si le sel perd sa saveur, il ne vaut plus rien qu'à être jeté dehors et à être foulé aux pieds par les hommes (Mat 5:13).»

Or, «ne punirai-je point ces choses-là, dit l'Eternel, et mon âme ne se vengera-t-elle point, d'une telle nation? (Jer 5:9)» Oui, sans doute, et nous ne savons pas s'il ne dira pas bientôt à l'épée : «Epée, frappe celle terre.» Il nous a donné beaucoup de temps pour nous repentir ; il nous donne encore cette année de délai, mais il nous avertit et nous réveille par son tonnerre. Ses jugements se promènent sur la terre, et nous avons tout lieu de nous attendre au plus sévère de tous; peut-être viendra-t-il ôter notre chandelier de sa place, si nous ne nous repentons, et ne faisons nos premières oeuvres (Apo 2:5),» si nous ne revenons aux principes de la Réformation, à la vérité et à la simplicité de l'Évangile. Peut-être résistons-nous maintenant au dernier effort de la grâce divine pour nous sauver. Peut-être avons-nous presque comblé la mesure de nos iniquités, en rejetant les desseins de Dieu envers nous et en repoussant ses messagers.

Ô Dieu, «souviens-toi, lorsque tu es en colère, d'avoir compassion (Hab 3:2).» Sois glorifié par notre réforme, et non par noire destruction ! Fais-nous la grâce d' «écouter la verge et celui qui l'a ordonnée (Mic 6:9).» Maintenant que tes «jugements sont sur ta terre, que les habitants de la terre apprennent la justice ! «Esa 36:9»)

Mes frères, il est grand temps de nous réveiller de notre sommeil, avant que la grande trompette du Seigneur ne se fasse entendre, et que notre pays ne devienne un champ du sang. Puissions-nous «reconnaître les choses qui regardent notre paix, avant qu'elles ne soient cachées à nos yeux ! (Lu 19:42)» Seigneur, convertis-nous à toi, et que ta colère s'éloigne de nous. Seigneur, «regarde des cieux, et vois et visite cette vigne (Ps 80:15)» et fais-nous reconnaître le temps de notre visitation. «O Dieu de notre délivrance, aide-nous pour la gloire de ton nom! Délivre-nous, pardonne-nous nos péchés, pour l'amour de ton nom ! (Ps 79:9) Et nous ne nous détournerons plus de toi. Rends-nous la vie, et nous invoquerons ton nom. O Eternel, Dieu des armées, ramène-nous! Fais reluire ta face et, nous serons délivrés ! (Ps 80:19,20)»

«Or, à Celui qui, par la puissance qui agit, en nous, peut faire infiniment plus que ce que nous demandons et que nous pensons; à Lui soit rendue la gloire dans l'Eglise, par Jésus-Christ, dans tous les âges, aux siècles des siècles. Amen (Eph 3:20,21).»